Le tunnel d'Eupalinos est un aqueduc souterrain qui date du VIe siècle avant notre ère. Fouillé en 1882-1884, il est aujourd'hui ouvert (en partie) au public.
Avec ses 1 036 m de long, cet ouvrage est considéré comme un des chefs-d'œuvre du génie civil antique. Il est cité par Hérodote comme un des « trois des plus grands ouvrages qu'il y ait dans toute la Grèce », avec l'Heraion et la digue du port.
Selon les connaissances actuelles, ce fut la deuxième tentative réussie de forage d'un tunnel par les deux extrémités, et la première exécutée à partir de plans méthodiques
Cet ouvrage était un important atout défensif. En effet, l'aqueduc souterrain était difficilement décelable par un ennemi susceptible de couper l'approvisionnement en eau.
Il fut utilisé pendant un millier d'années, comme l'attestent les découvertes archéologiques.
Il fut réalisé à l'époque du célèbre tyran Polycrate (535-522 av. J.-C.), sous la conduite de l'ingénieur Eupalinos de Mégare. Deux équipes creusèrent un aqueduc sous le mont Kastro pour alimenter en eau douce l'ancienne capitale de Samos (aujourd'hui Pythagorion).
Il a fallut près de dix ans aux esclaves pour creuser ces roches calcaires et terminer l'ouvrage.
Le tunnel captait la source des Agiadès près de Mytilini, qui était recouverte pour être dissimulée. Un canal enterré conduisait l'eau jusqu'à l'entrée nord du tunnel, un autre reliait la sortie sud jusqu'à l'est de la ville.
L'eau coulait dans une conduite en contrebas du chemin de visite. La section nord, juste assez large pour le passage d'une personne, comporte un plafond dallé à double pente pour empêcher les chutes de pierre. La section sud est un peu plus large, la roche y est plus compacte.
La réalisation était compliquée, car il fallait creuser simultanément des deux côtés, en respectant une certaine pente pour l'écoulement de l'eau, et les deux groupes devaient se retrouver au milieu de la montagne au même endroit.
Techniques d'arpentage
La méthode employée par Eupalinos pour que les deux sections du tunnel puissent se rejoindre a été décrite par Hermann J. Kienast et d'autres chercheurs. Eupalinos appliqua dans ses plans des principes de géométrie qui ne furent codifiés que plusieurs siècles plus tard par Euclide.
Mais les erreurs de mesures successives pouvaient faire manquer le point de rencontre : comme les lignes étaient parallèles, une erreur de plus de deux mètres (la section du tunnel est de 1,8 m environ) aurait fait rater la rencontre. Alors, lorsque les travaux parvinrent près du point de jonction, il modifia la direction des deux tunnels, pour être sur qu'ils se croisent horizontalement. Mais de même, il ne fallait pas non plus qu'un tunnel passe trop au dessus de l'autre, alors Eupalinos fit augmenter, en sens opposé, la hauteur de chacun des tunnels.
Ces dernières précautions s'avérèrent inutiles, la différence verticale relevée par Kienast est de seulement 4 cm, grâce au soin apporté à la conception et aux mesures.
Source : Wikipedia